Lettre à la Terre entière

Lettre à la Terre entière

♫ Lettre à la Terre entière ♫

Post publié sur Facebook le 18 janvier 2019

Cet après-midi en déposant Deuz au tennis, Juliette m’a lancé comme ça… « elle est canon ta caisse ! »

Un peu qu’elle est canon ma caisse. Et même si j’envisage de passer très bientôt au 100% vélo (disons 90%…), je suis plutôt heureuse et flattée par la p’tite phrase de Juliette.

Et vous savez pourquoi je suis flattée de cette petite phrase que j’aurai trouvée anodine il y a encore peu ? Et bien justement parce qu’aujourd’hui elle n’est plus anodine.

Je ne dis pas grand-chose de la réalité de ma vie ici, mais là, ce soir, j’ai envie de dire à la Terre entière tout un tas de choses. Et il paraît que la Terre entière est sur Facebook et Instagram, alors je vais en profiter.

En profiter pour dire à la Terre entière que mes gamins sont géniaux !

En profiter pour dire à la Terre entière que mon amoureux est génial !

Que ma caisse est canon !

Que mon taf est top !

Et que je suis infiniment reconnaissante de tout ça parce que c’est si….. nouveau (bon… pas pour les gamins… )

9 ans

9 ans que j’ai quitté un CDI pour lancer MA boîte

9 ans à tâtonner, chercher, interroger, tester, baisser les bras, y croire à nouveau

9 ans à me contenter d’un revenu microscopique pour faire quelque chose qui me ressemble vraiment

9 ans à me demander quel monde je veux construire pour mes enfants

9 ans à chercher qui je suis…

Et puis il y a ce nouveau virage il y a deux ans, presque tout pile. Ce virage vers l’inconnu. Cette prise de risque ultime. Cette déchirure de ne pas avoir réussi là où je voulais tant réussir. Accepter que je n’aurai pas construit la famille idéale, celle qui s’affiche sur les réseaux sociaux en mode papa-maman-et-de-beaux-enfants. Deux fois j’ai essayé. Deux fois j’ai échoué. Mais pour échouer la deuxième fois, il faut des années de lutte acharnée avant de se résoudre au départ. Du coup, 2 ans après ce nouveau départ (pour ceux qui pigent pas, j’ai divorcé du papa de mon ainé quand il avait 18 mois et je me suis séparée du papa de mon second au bout de 12 années bancales…)………. je disais donc : deux ans après ce nouveau départ, j’ai plutôt envie de partager mes états d’âmes. Parce qu’au milieu de ces infos/images/émissions toutes plus déprimantes les unes que les autres, j’ai envie de crier à la face du monde combien on peut être bien dans sa vie, bien dans sa peau quand on a 40 ans passé, qu’on a « divorcé » deux fois et qu’on gagne 800€ par mois depuis… des années (même si mon objectif n’est pas d’en rester là, parce que c’est clair, avec plus c’est mieux).

C’est une évidence, Petit Pote n’affiche pas la réussite des boîtes de made in France comme Le Slip Français, 1083 ou bien d’autres marques archi-visibles sur les réseaux… Ni le nombre de followers, ni le nombre de fans, ni le chiffre d’affaire de Petit Pote ne peut rivaliser avec ces boîtes à succès.

Mais aujourd’hui, en janvier 2019, après avoir passé tant de temps auprès de mes enfants (et je vous épargne l’arrachage de cheveux de 14h31 quand Deuz ne veut pas comprendre qu’il existe des triangles quelconques qui ne sont ni isocèles, ni équilatéraux, ni rectangles….), quand je vois la relation que j’ai avec eux et la confiance qu’ils portent en moi, j’ai comme un gros sentiment de…. réussite. Il reste du chemin. Une vie entière à leur échelle. Mais ce que nous avons tissé là, personne ne pourra plus nous le prendre. Ni le temps, ni la vie. C’est en nous, c’est à nous.

Depuis bientôt un an, j’ai fait confiance à mes garçons, je me suis fait confiance. Et j’ai décidé qu’il était grand temps pour moi de retrouver une vie professionnelle en dehors de la maison. C’était même devenu indispensable. J’étouffais professionnellement. J’étouffais dans ma solitude quotidienne (quand seulement 2 mètres séparent le bureau de la cuisine et de la chambre à coucher…) J’ai pris le risque financier (avec mon micro-revenu) de payer un loyer pour intégrer un espace de travail partagé. La magie a opéré. Mes garçons _ passée une première phase d’appréhension _ vivent ça comme une nouvelle liberté pour eux aussi (surtout l’ainé…) et avec une certaine fierté (le second surtout, trop heureux de prendre ses goûters du mercredi dans la salle de pause avec un chocolat chaud fumant qu’il commande au distributeur, comme les grands prennent leur café).

J’ai trouvé des nanas, toutes plus formidables les unes que les autres, avec qui échanger, partager, travailler, rire, pleurer, papoter… Des femmes que je peux solliciter, interroger, aider… Des entrepreneuses. Des filles comme moi et toutes tellement différentes. En moins d’un an, j’ai retrouvé un plaisir dingue à faire ce que je fais, une envie folle de le faire encore plus et encore mieux, une force nouvelle pour faire grandir ce Petit Pote dont je suis _ quoi qu’il arrive _ très fière.

Et je n’ai pas envie d’avoir peur des mots. Je n’ai pas envie de minimiser les choses. Je me suis battue pendant toutes ces années contre moi-même et cette incapacité temporaire à abandonner le schéma familial idéal. Je me suis enfermée dans une relation toxique dont il ne sortait que frustration, dégoût, jalousie et méfiance. Et j’en suis sortie. Et je suis là, debout. Avec mes enfants à mes côtés. Avec ma petite entreprise à faire grandir. Avec cet amoureux si doux, si bienveillant, si respectueux (bon sang ce que j’apprends à être libre grâce à cet homme).

Et voilà que je regarde le chemin parcouru, voilà que je parle avec mes enfants devenus « un peu » grands et que je comprends combien nous avons tous appris de ce chemin difficile et accidenté. Eux. Moi. Nous sommes plus forts. Nous sommes plus libres. Mais nous sommes surtout plus remplis d’Amour. C’est le message que je leur transmets tous les jours. Ce message qu’il m’aura fallu tant de temps à comprendre :

Pour trouver sa voie, il faut se battre. Mais se battre ne signifie pas prendre les armes. Se battre ne signifie pas agresser les autres. Se battre ne signifie pas critiquer le voisin ou le copain. On peut se battre pour défendre sa vision des choses, ses envies, ses ambitions, ses intérêts… sans heurter qui que ce soit, sans écraser personne. On peut se battre le sourire aux lèvres, sans sarcasme. On peut se battre non pas PAR amour mais AVEC amour. J’aimerai inventer un mot pour qu’il ne soit plus connoté de la sorte, et en même temps, je comprends maintenant que ce « combat » demande force et courage, et que je suis équipée pour. Je vais donc pouvoir mettre mes énergies au service de ma vie, de mes envies, de mes ambitions, sans avoir peur de heurter ou blesser qui que ce soit.

Voilà pourquoi, quand Juliette me dit « elle est canon ta caisse », je comprends enfin pourquoi il est important de prendre soin de soi, d’être heureux et fier de ce que l’on a construit (hey, on est d’accord, ma caisse reste un truc en tôle avec un moteur et des roues… mais je l’ai achetée récemment, avec mes petits sous, je l’ai choisie et je me suis autorisée à avoir envie d’une voiture sympa…)

Tous ces mots sortent de mon cœur aujourd’hui sans doute parce que l’actualité est ce qu’elle est, et que si je regrette profondément les violences et les destructions associées au mouvement des gilets jaunes, je comprends bien le schéma intellectuel qui les mène là… Ce qui me permet aujourd’hui d’être si positive dans ma façon d’aborder la vie en général et tous les problèmes qui se présentent à moi, c’est que j’ai compris que tout vient de moi :

CE QUE JE RESSENS

CE QUE JE FAIS

CE QUE JE PERÇOIS

CE QUE JE CONSTRUIS

Je suis responsable. Responsable du monde que je vais laisser à mes enfants (et de leur état d’esprit pour aborder la vie). Responsable des années perdues. Responsable des échecs que j’ai subis. Mais surtout responsable de la façon dont je les ai vécus.

Je suis aussi responsable de mes réussites. Et surtout responsable de ce que je fais d’aujourd’hui et de demain.

J’ai aussi compris que le monde ne changera pas par décision politique. Le monde ne changera pas par le fait de ceux que l’on identifie comme étant les puissants. Je n’attends rien d’eux, je ne peux pas être déçue. Le monde change à notre échelle individuelle. Le monde devient ce que l’on souhaite en faire. Le monde devient ce qu’on donne.

Il m’est arrivé de penser qu’à l’échelle de l’univers je n’étais qu’une poussière insignifiante. Mais ce sont toutes ces poussières insignifiantes qui font que l’univers existe. Sans conscience pour penser l’univers, pas d’univers. Nous sommes, chacun d’entre nous, l’univers. Nous avons TOUS le pouvoir de changer le monde. Il faut juste faire appel à notre courage et à notre responsabilité individuelle pour y arriver.

Bon… c’est ce que j’ai dit à mon banquier mardi dernier quand je lui ai demandé un crédit pour acheter une maison, et je ne peux pas dire qu’il ait entendu le message. Ou plutôt… il l’a entendu (je crois). Mais il n’a pas encore trouvé la dose de courage nécessaire.

Me voilà donc face à un nouveau « combat » : trouver une âme qui sache lire un peu la mienne et qui ait envie de courir ce risque : accompagner Petit Pote dans son développement pour que Madame Petit Pote et ses deux garçons puissent emménager dans une jolie petite maisonnette bien à eux, y mettre un chat et beaucoup BEAUCOUP d’Amour. Et puis continuer d’avancer sur le chemin de la vie, si intense, si cool.

Voilà, si je devais résumer ma pensée, ce serait par ces quelques mots : je crois en la capacité de chaque individu à trouver en lui la confiance nécessaire pour construire le monde de demain. Si chacun prend sa place dans le monde, le monde ira bien. Et nous ne pouvons prendre notre place qu’en nous focalisant sur nos propres actes et nos responsabilités plutôt qu’en dénonçant les manquements des autres.

Je poste ça là parce que c’est l’histoire de Petit Pote. Parce que c’est mon histoire. Parce que je n’ai plus honte de mes échecs. Parce que je n’ai plus peur de demain.   

ET PUIS PARCE QUE ÇA FAIT DU BIEN !

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